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les vierges de syracuse

— Oui, oui, c’est Praxilla qu’on l’appelle, fit Rhodoclée en hâtant toujours sa marche.

Elle avait lâché la main de ses compagnes et courait maintenant en avant. Damalis et Fanie se rapprochèrent. La pâle Jacinthe n’était pas encore consolée de son veuvage ; et quant à Fanie, son cœur incommodé par l’excès de sa tendresse pour Dorcas, cherchait toujours un autre cœur en qui se déverser ; toutes deux elles se comprirent à un coup d’œil et leur sentimentalité fut vite d’accord.

— Quel dommage, dit Fanie, que les hommes soient exclus de cette fête ! Dorcas y serait venu avec nous. Il avait les larmes aux yeux en me voyant partir sans lui tout à l’heure.

— Ah ! fit Damalis, et que vous a-t-il dit, chère Fanie ?

— Presque rien ; mais je n’ai pas besoin de paroles pour comprendre ce qui se passe en lui. Et d’ailleurs depuis quelque temps il est triste ; à peine répond-il quand je lui parle, et il en sera ainsi, je suppose, tant que la ville n’aura pas entièrement reconquis sa liberté. Il a l’âme si héroïque, mon bien-aimé Dorcas !

— Prenez garde, chère Fanie, reprit Damalis ; c’est un mauvais signe chez un homme que la tristesse ; cela marque presque toujours un penchant à quelque passion mortelle. Le tendre époux que la Déesse m’a repris, alors que nous n’avions pas