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les vierges de syracuse

vers l’Olympos, le chœur innombrable des femmes vêtues de robes claires et coiffées de bandelettes soyeuses, passait comme la brise à travers les rameaux chargés de pétales.

Car maintenant ce n’était plus dans le mystère des tombeaux que l’on fêtait Perséphone revenue à la lumière. Tant que durerait la belle saison, le nom de la Déesse flotterait aux lèvres des femmes, parmi la sérénité des feuillages. Les Vierges avaient quitté le Portique d’Aréthuse pour venir s’établir ici, dans le temple suburbain de Déméter et d’Artémis ; et tout autour, sous l’ombre arrondie des pommiers, des tentes légères, faites d’un triangle d’étoffe blanche, s’élevaient comme une seconde floraison spontanée. Là logeaient les Syracusaines dont le domicile était trop éloigné dans la ville ; elles arrivaient deux à deux, députées par leurs quartiers pour prendre part aux solennités joyeuses. Fête des femmes et fête des fleurs. Les hommes seuls étaient exclus du verger sacré.

Et certes Rhodoclée, l’aimable épouse de Théophraste, n’avait eu garde de manquer un tel plaisir. Tenant par la main Fanie et la pâle Damalis, elle s’avançait, le sourire aux lèvres, dans le blanc printemps. Quelle ivresse de se retrouver à l’air libre, sans crainte des flèches romaines, après les péripéties du siège, de profiter de la détente qui avait suivi le départ de Marcellus pour sortir des