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les vierges de syracuse

en effet les quinquérèmes de Marcellus qui brûlaient dans le soleil. À travers la distance, l’odeur de l’incendie, chassée sur la côte par le vent du large, pénétrait toutes les narines ; et des cris retentissaient : « Le feu ! Le feu là-bas, sur la mer ! » Bientôt la population entière fut aux remparts. Le spectacle grandiose, effrayant, se déroulait dans la polychromie des flammes qui, selon qu’elles s’attaquaient aux voiles, aux cordages ou à la coque, prenaient tour à tour des nuances diverses. De légères fusées s’échappaient parfois du haut des mâts des navires, tandis que leurs flancs formaient un vaste brasier ; et, du plus petit au plus grand, chacun conservait sa forme sous le revêtement de feu qui le couvrait. Ce fut seulement vers le soir que tout se confondit et s’abîma dans une immense apothéose, en même temps que le soleil, traçant sa parabole à l’horizon, brisait ses dernières flèches dans la mer.

Du haut de la tour Galeagra, Archimède et Dorcas suivaient la combustion des navires, combustion lente mais sûre et à laquelle nul ne pouvait porter remède, car le foyer d’incendie était là, entre leurs mains. Au moyen d’un jeu de miroirs mobiles dont les uns étaient concaves et les autres paraboliques et qui étaient reliés entre eux par des charnières articulées, Archimède avait ravi le feu du ciel. Tout ce que le soleil contient dans son