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les vierges de syracuse

jeunes vélites au front nu qui étaient la milice de choix, la fleur des Romains atteignant l’âge de puberté, les hastaires qui portaient l’orgueilleux casque de cuivre crêté de plumes rouges et noires, les Princes, les Triaires, qui formaient la suprême réserve de l’armée, tous l’écoutaient, la tête inclinée, le regard fixé à leurs sandales d’airain. Ils songeaient : « Nos aigles, nos loups, nos sangliers, notre minotaure, tous les symboles glorieux de nos enseignes, ne peuvent plus rien désormais contre les jeunes Victoires ailées, peintes aux étendards de Syracuse. »

Cependant Marcellus s’était baissé et avait ramassé dans le sable du camp un des glands de plomb lancé jusque-là par les catapultes syracusaines ; il n’était guère plus gros qu’un gland de chêne, et ne devait pas peser plus d’une once ; alors le consul appela les ingénieurs et les ouvriers du camp :

— Ne sauriez-vous, leur demanda-t-il, en faire de semblables, au lieu de vous appliquer à fondre des boulets aussi gros que des œufs d’autruche, et que leur propre poids entraîne forcément à terre avant qu’ils aient pu atteindre leur but ? Vous y mettez, il est vrai, des inscriptions belliqueuses où se complaît votre amour-propre : « Va frapper l’ennemi de Rome ! » ou encore : « Tue le Syracusain ! » et vous y ajoutez l’image d’un foudre.