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les vierges de syracuse

On était en droit d’en douter, tant le calme le plus parfait régnait à leur bord. Et de nouveau Marcellus, qui se tenait à l’avant du navire prétorien pour commander la manœuvre, s’énervait de ce grand silence qui ressemblait à du mépris ; car ce ne pouvait être de la peur : les Syracusains avaient maintes fois fait preuve de bravoure dans les luttes navales, et leur flotte, si nombreuse et admirablement outillée, ne devait pas redouter le choc.

Le temps passait. Il fallait se décider pourtant. Marcellus donna le signal de l’attaque ; et aussitôt les lourdes quinquérèmes s’ébranlèrent, avançant de front, couvrant les vagues, comme une armée rangée en bataille ; leurs rostres d’or, reluisant dans le soleil, fondaient droit sur les éperons des galères Syracusaines ; entre les deux flottes, un large ruban d’azur moiré par le scintillement des flots s’étendait encore, et de part ni d’autre nul projectile n’avait été échangé…

Tout à coup du Vaisseau-théâtre dont la haute structure masquait presque entièrement la blanche Ortygie, de grands bras, des bras d’une longueur démesurée sortirent. Ils étaient articulés comme des bras humains, et au bout de leurs formidables poignets s’ouvraient et se fermaient des mains non moins formidables ; on eût dit des tronçons d’armures de quelque divinité gigantesque forgées par les Cyclopes dans les flancs même de l’Etna. Et ces