Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/309

Cette page a été validée par deux contributeurs.
279
les vierges de syracuse

lui obéissait aveuglément ; Dinomède et Épicyde ne songeaient même plus à lui résister. Pourtant Marcellus ne désespérait pas encore : il ne pouvait admettre qu’un vieillard étranger au métier des armes pût ainsi tenir en échec la vaillance éprouvée de ses légions. Comme suprême ressource il résolut de porter le combat sur les eaux ; là, du moins, pensait-il, il serait à l’abri des machinations du géomètre ; une nouvelle phase s’ouvrirait pour les soldats ; leur affolement cesserait aussitôt qu’ils ne soupçonneraient plus une puissance occulte de lutter à force inégale contre eux.

La flotte romaine était mouillée à quelque distance du Port, devant Ortygie. Chaque bâtiment avait arboré le Vexillum rouge, signe de la provocation au combat. Autour des quinquérèmes immobiles et lourdes, une quantité d’étroits phasèles à un seul rang de rames, la proue et la poupe relevées comme les deux anses d’une amphore, circulaient, parfois portés sur la crête des vagues et parfois enfoncés dans leur sillon. Et sur le pont de chaque navire s’enflait le chant sacré du Barritus, qu’accompagnait le tumulte assourdissant des disques d’airain. Cependant malgré cette invite, les galères syracusaines ne bougeaient point ; elles restaient à l’ancre sans avoir paré leur mâture, les poulies et les cordages détendus, les voiles et les agrès au repos. Étaient-elles montées seulement ?