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les vierges de syracuse

Or, depuis ce désastre, une terreur panique tenait les Romains éloignés des remparts de Syracuse ; aucun d’eux n’osait plus se risquer à l’attaque. À quoi cela leur aurait-il servi d’ailleurs ? Chaque fois qu’ils avaient voulu faire donner leurs batteries, d’autres batteries, de derrière les murailles, leur avaient répondu formidablement ; et une nuée de projectiles de toutes sortes, de glands de plomb, d’œufs de pierre, de brandons enflammés, de flèches, de javelots, venait s’abattre sur eux et les réduisaient à l’impuissance. C’en était trop ; ils ne voulaient plus marcher au combat. Une crainte superstitieuse leur faisait comparer Archimède à Jupiter armé de la foudre ; — et ils demeuraient muets et confondus dans leur camp de l’Anapos, laissant sous les murailles tout le matériel de guerre. Alors les bourgeois de Syracuse, prenant leurs jeunes fils par la main, les menaient voir ce qu’ils appelaient en raillant la ménagerie romaine, ces béliers, ces onagres, ces scorpions, ces corbeaux de fer qui si longtemps avaient menacé la ville, et qui désormais au repos se contentaient de montrer les dents sans mordre, domptés par l’extraordinaire génie d’un seul homme.

Car, c’était en réalité Archimède qui était devenu le véritable chef de la défense ; on avait abandonné tous les moyens ordinaires employés en cas de siège pour ne plus exécuter que ses ordres. Dorcas