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les vierges de syracuse

tairement accompli ne fera que nous rapprocher davantage. Dis-moi, cette fois, que tu y consens !

— Ô très pure hiérophantide, ô Praxilla très aimée, comment pourrais-je avoir d’autre volonté que la vôtre ? Les mots qui sont sortis de votre bouche, ô Praxilla, ne s’effaceront pas de ma mémoire ; ils germeront en moi comme des épis généreux dans un sillon, et me réjouiront jusqu’à mon dernier soupir. Oh ! la mort ! combien plus encore je la souhaite prompte maintenant ! Quelle félicité nouvelle pourraient m’apporter les jours ? Ma vie sera terminée réellement tout à l’heure, quand nous nous serons quittés, quand mes yeux ne pourront plus vous apercevoir et que la musique de votre voix ne vibrera plus à mes oreilles. Mais vous avez raison, j’étais trop heureux ; presque chaque jour j’accourais à vous, et dès l’aube je pensais à ce bonheur ; et quand le moment approchait de prendre le chemin de cette cité des morts, j’étais comme un enfant qui tend les mains vers la lumière. Toute blanche vous m’apparaissiez dans la lueur blanche qui caresse ces tombeaux ; mon cœur battait ; une grande angoisse me faisait plus pâle qu’un sépulcre ; j’aurais voulu me prosterner à vos pieds, et souvent pour vous parler je ne trouvais aucune parole. Qu’aurais-je pu vous dire d’ailleurs, puisque la seule chose qui remplissait mon âme, qui débordait mes lèvres, c’était mon