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les vierges de syracuse

vous, Praxilla, murmura Dorcas, mais la grâce du sacerdoce qui vous soutient me manque et je suis bien malheureux ; aidez-moi, dites-moi au moins que vous m’aimez.

Alors la voix de l’hiérophantide s’éleva sous les voûtes de l’hypogée comme pour un hymne saint :

— Oui, je t’aime, Dorcas, ô frère chéri de mon âme ! Si j’étais une vierge comme les autres jeunes vierges de la ville qui dans le chant des parthénies appellent l’époux de leur désir, je ne voudrais pas prononcer d’autre nom que le tien. Et même, prêtresse consacrée à Artémis, je ne crains pas de t’avouer ma folle passion, puisque j’en fais ensuite abandon à la Déesse comme une fleur que j’aurais cueillie pour la déposer sur son autel. Je t’aime avec la ferveur chaste d’une jeune fille et la véhémente ardeur d’une femme. Vois, mes mains tremblent près des tiennes, sans que nos doigts se soient enlacés ; et, malgré le voile qui couvre mon front, le feu de tes regards me brûle. Ah ! Dorcas ! Dorcas ! Ne nous plaignons pas de nous être aimés ! Bénissons les dieux au contraire de ce qu’ils ont permis que nous connaissions cette extase ; séparés, elle continuera à rejoindre nos âmes, à alimenter la source de nos joies et de nos pleurs. Ta pensée ne me quittera pas plus que le rivage du ciel ne quitte celui de la terre quand le soleil cesse de briller à l’horizon. Notre sacrifice volon-