connaître. Ce matin encore l’Éponyme nous a adjurées, moi et mes compagnes, de nous livrer à de nouveaux jeûnes, à de nouvelles prières ; il nous a recommandé avec instance de détruire en nous jusqu’au moindre vestige des faiblesses humaines, afin d’obtenir la délivrance de Syracuse si cruellement menacée. Ah ! Dorcas ! Oseriez-vous me faire manquer à ce qui est pour moi le plus sacré de tous les devoirs ? Rappelez-vous quel enthousiasme soulevait nos cœurs dès notre première entrevue, quand nous devisions ensemble des destinées glorieuses de notre patrie ! C’était cette foi sainte qui nous rapprochait, cet enthousiasme partagé qui motivait nos secrètes rencontres. Puis, peu à peu d’autres préoccupations se sont mêlées à cette préoccupation unique. Nous en sommes venus à nous inquiéter davantage de nous-mêmes, de nos propres sentiments, que de la Syracuse bien-aimée. Et pendant ce temps le danger éclatait, devenait de jour en jour plus pressant. L’armée ennemie était à nos portes. Que de nuits d’angoisse j’ai passées à entendre résonner contre les murailles le choc des hastes romaines ! Des remords envahissaient mon cœur. Maintenant il n’en sera plus ainsi, notre sacrifice va être consommé : la Déesse ne pourra plus refuser de sauver la ville.
— Je ne veux pas me montrer plus faible que