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les vierges de syracuse

mait comme un étage intermédiaire entre la cité des morts et la Syracuse vivante. Là, mieux encore, il pouvait discerner le moindre souffle, le moindre soupir des deux jeunes gens.

Il était à son poste depuis un instant quand il reconnut les pas de Dorcas ; l’officier venait en effet, comme l’avait prévu Gullis, rejoindre l’hiérophantide, près de cet autel de Perséphone qui ressemblait à un tombeau, et où ils se rencontraient d’habitude. Qu’allaient-ils se dire aujourd’hui ? Leur précédente entrevue avait été particulièrement affectueuse et tendre. Orthon avait constaté avec joie que les événements du siège, loin de les distraire l’un de l’autre, n’avaient fait que fortifier davantage leur attachement mutuel. Ils s’étaient attardés à causer d’eux-mêmes comme font presque toujours les amants, et en se quittant ils avaient eu des inflexions caressantes qui avaient donné à penser à l’orfèvre que le moment était proche où le vertige de l’amour, rompant l’équilibre de leur chaste passion, les entraînerait fatalement dans l’ornière commune.

Mais combien il s’était trompé dans ses prévisions ! La voix de Praxilla, cette voix si suave que nul, même Orthon, ne pouvait l’entendre sans tressaillir, venait de s’élever sous la voûte de l’hypogée ; et les premiers mots qu’elle prononça furent ceux-ci :