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les vierges de syracuse

de jeunes fantassins montèrent. Alors le travail fut repris méthodiquement, sans hâte apparente, en ce rythme de l’effort où la besogne semble s’accomplir d’elle-même. Mais les hoplites veillaient ; dans chaque trou des murailles ils avaient introduit un cylindre préparé d’avance et chargé de matières inflammables, de soufre, de poix, de goudron ; par terre, devant eux, des chaudières pleines du même mélange et munies de soufflets étaient destinées à entretenir l’action de ces pyroboles et à en envoyer le contenu de l’autre côté des murailles. À un signal, tous les cylindres partirent à la fois, et une pluie de feu s’abattit sur les Romains.

Ce fut une panique soudaine, effroyable. Des cris tumultueux retentirent, des huées, des clameurs de malédiction, tandis que les hoplites ne cessaient pas de souffler dans les cylindres la poix enflammée. Plusieurs légionnaires avaient pu s’enfuir, mais en plus grand nombre ils restaient à terre, culbutés les uns sur les autres, aveuglés, asphyxiés, confondus. À demi carbonisés, ils se roulaient dans la poix gluante ; et le miroir lisse de leurs boucliers reflétait leurs gestes éperdus, les battements affolés de leurs membres. Bientôt il n’y eut plus sous les murailles que des cadavres. Et les Syracusains, sans perdre de temps, rebouchèrent les trous et se mirent en devoir de combler les tranchées qui avaient été faites.

En apprenant cet échec, Marcellus était entré