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les vierges de syracuse

romaines : les travaux de sapement avaient été conduits avec une rapidité surprenante ; Tyché, les Épipoles, Ortygie portaient déjà à leurs flancs de larges blessures ; l’Archradine seule avait été respectée ; là, les murailles inaccessibles et nues s’élevaient comme des falaises, baignant leur pied dans la mer.

La riposte des Syracusains avait été prompte ; dès le lendemain, sur l’indication d’Archimède, on avait percé des trous cylindriques à mi-hauteur des murailles. Puis, silencieusement, on avait attendu la nuit. Ainsi que la veille, une lumière faible parmi les ténèbres permettait juste de distinguer les objets qui tombaient immédiatement sous le regard. Entre l’orbe luisant du ciel et celui de la mer, la ville s’érigeait comme une masse énorme et confuse, une arche partout habitée et où l’on entendait partout sourdre la vie. Vers la seizième heure, quand toutes les rumeurs se furent apaisées, les soldats de la légion romaine apparurent. L’œil aux aguets, les hoplites suivaient leurs mouvements ; ils les virent se placer en colonne serrée devant les remparts, ceux des premières lignes se tenant droit, les autres à demi-inclinés et les derniers à genoux. Tous soutenaient au-dessus de leur tête leur bouclier, formant ainsi ce qu’ils appelaient la « tortue », un toit en pente une sorte de carapace aux écailles imbriquées, où