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les vierges de syracuse

son corps étouffât le son, comme si au-dessous de lui la croûte du sol eût été évidée. Et de nouveau il se mit debout. Sa conviction était faite : les Romains essayaient de miner la ville, et, n’ayant pu jusqu’à présent la prendre d’assaut, tentaient de s’y introduire par surprise, en creusant des galeries souterraines…

Le premier mouvement de Théophraste fut de prévenir les hoplites, de réveiller Dorcas, Épicyde, Himocrate, Dinomède, tous ceux qui, dans les différents quartiers, avaient la garde des remparts. Cependant il réfléchit encore. Serait-ce prudent de répandre ainsi l’alarme avant même de pouvoir donner des indications précises ? Il se contenta d’appeler un soldat et de lui emprunter son bouclier.

Théophraste n’était ni un savant ni un homme à intuitions géniales ; mais c’était un esprit observateur. Il connaissait les propriétés des métaux, pour les avoir étudiées constamment, presque à son insu, en vivant au milieu d’eux dans le Trésor. « Avec ce disque d’airain, pensait-il, et sans déranger personne, je serai fixé avant l’aube sur ce qu’il importe de savoir. » Et, approchant le bouclier contre la terre, il continua à faire le tour des remparts en frappant de temps en temps le disque sonore. Partout où le sol avait été miné l’airain rendait un son différent ; et certes il était temps qu’un hasard heureux eût mis Théophraste sur la piste des menées