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les vierges de syracuse

une sortie énergique de Dorcas les avait fait reculer jusqu’à leur camp. Appius, qui les commandait, avait eu le front blessé par un éclat de roche, et sur les dix cohortes de la Légion, deux avaient été presque entièrement détruites. Après ce double échec, ils ne pouvaient manquer de se recueillir et de rassembler de nouvelles forces.

Et, raisonnant ainsi, le mari de l’aimable Rhodoclée commençait à regretter l’excès de son zèle. Il n’était pas soldat, lui, et ce n’était pas son métier de veiller à la sûreté des remparts. La nuit était froide, une nuit d’hiver où les étoiles lançaient des feux aigus comme des flèches d’acier ; la mer reluisait au loin, immobile, sans une ride, sans un tressaillement, pareille à un immense globe sous lequel se seraient assourdis tous les murmures. Tout à coup, le même bruit qui l’avait inquiété dans une des salles basses du Trésor, frappa de nouveau l’oreille de Théophraste. Il se trouvait en ce moment près du Labdalon, à l’un des points où les murailles étaient le plus élevées et où aussi la défense était moins active. Un sentier en contre-bas courait le long d’un talus ; il s’y engagea avec la résolution d’en finir cette fois avec son doute et de percer à jour ce mystère.

Le bruit continuait, faible et mat, à peine perceptible. Théophraste se coucha à plat ventre dans l’étroit chemin. Mais il semblait que le poids de