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comme chaque soir afin de regagner sa demeure. Le Trésor d’ailleurs était bien gardé et pour le prendre il eût fallu d’abord s’emparer de la citadelle ; il eût fallu que l’île d’Ortygie tout entière tombât au pouvoir de l’ennemi.

Néanmoins Théophraste emportait avec soi une inquiétude. Au lieu de s’engager directement à travers la ville pour rentrer chez lui, il fit le tour par l’intérieur des remparts. Tout était en ordre, et aucune alerte n’avait été donnée. Les hoplites, le bouclier au poing, accomplissaient leur ronde ; ils marchaient d’un pas ferme, deux à deux, silencieusement. Leur ombre agrandie devant eux exagérait leur attitude martiale, les transformait en des guerriers de taille géante dont les membres allongés à l’infini semblaient recouvrir, pour la protéger, toute l’enceinte des murailles. Cette fantasmagorie divertit un instant Théophraste, en même temps que le grand calme qui régnait partout achevait de le rassurer. Sans doute, là-bas, dans la plaine de l’Anapos, les Romains devaient dormir sous leur tente, après une dure journée où par trois fois ils avaient tenté l’escalade sans pouvoir s’élever plus haut que les premiers ouvrages de terre sur lesquels reposaient les assises des fortifications. La veille, cependant, ils avaient été sur le point de pénétrer du côté de l’ouest, en suivant la ligne du grand aqueduc qui traversait les Épipoles ; mais