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de la défense ; parmi les généraux qui commandaient avec lui aux remparts, tous les autres, — sans parler d’Himocrate et d’Épicyde — pouvaient être accusés de soutenir, en même temps que les intérêts de la ville, quelque brigue particulière ; Dinomède et son lieutenant Sosis semblaient n’avoir pas été étrangers au meurtre du jeune roi à Léontium. Lui seul, Dorcas, veillait sur Syracuse avec un cœur dénué de toute secrète ambition ; lui seul ne souhaitait aucune autre récompense au jour du triomphe que celle du devoir accompli. Mais il n’était pas sans inquiétude sur l’issue de cette guerre ; jugeant les choses sans passion, avec le sang-froid de l’homme qui a fait le sacrifice de sa vie, il apercevait l’infériorité de l’armée de Syracuse à l’égard des forces romaines. Soixante ans de paix avaient amolli les mœurs, et si les cœurs restaient solidement trempés, les bras avaient perdu l’habitude de l’effort. Ce qui manquait surtout aux Syracusains pour assurer leur courage et contrebalancer le prestige redoutable de Marcellus, c’était un chef dans l’autorité morale de qui ils eussent une foi inébranlable, le héros, le demi-dieu nécessaire aux foules pour les mener à la victoire. Or Dorcas croyait avoir trouvé celui qui pouvait devenir tout cela… Une première fois déjà, Archimède n’avait-il pas, en parlant au peuple, arrêté l’émeute commençante, refait l’unité de la patrie ? Mainte-