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les vierges de syracuse

ferveur que le prêtre accomplit un rite sacré ». C’est ainsi qu’il était de tradition parmi les Doriens de comprendre le combat ; ils l’attendaient avec une joie forte et, avant de s’y livrer, ils s’oignaient la tête de parfums, de même que pour une fête d’amour.

Ces hoplites au cœur généreux, Dorcas en avait reçu le commandement ; à leur tête il avait déjà repoussé plusieurs assauts ; mais leur nombre était limité et le reste des troupes était loin de fournir l’équivalent de leur valeur. Dans le premier élan de l’enthousiasme, des Syracusains de tout âge et de toute profession avaient pris les armes ; cela formait une cohorte tapageuse et mal disciplinée qui promettait de faire plus de bruit que de besogne et qui entravait l’action silencieuse des vrais soldats ; dans les rues et sur les places, ces guerriers d’occasion se promenaient, enseignes déployées et lance au poing, chantant des hymnes patriotiques et faisant retentir l’air du son éclatant des buccines. Himocrate les avait enrôlés, comptant ainsi s’en faire des partisans à l’heure propice, lorsqu’après les rigueurs du siège, Rome vaincue et Syracuse affaiblie, Carthage viendrait enfin consolider l’œuvre qu’il avait entreprise ; — car jamais, au fond de son cœur, l’ancien maître d’Hiéronyme n’avait renoncé à l’espoir de la tyrannie.

C’était donc Dorcas qui était le pivot principal