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les vierges de syracuse

cieuses, les scènes de la naissance de la Déesse marine étaient évoquées. Et il y avait encore dans le grand navire beaucoup d’autres splendeurs qui excitaient l’admiration de la foule : un gymnase, une palestre, des bains somptueux, sans compter l’immense théâtre qui occupait la partie supérieure du pont et qui avait fait place à tout un arsenal de guerre ; le vélum tendu au-dessus des mâts avait été conservé, ainsi que le merveilleux décor de tourelles où les acteurs, incarnant les héros du divin Homère, simulaient l’assaut… Les marins maintenant s’y établissaient en vigies, et la blanche mer tout autour continuait à presser ses vagues mouvantes ; les flots déferlaient avec la même profonde rumeur, tantôt durs et luisants comme du marbre, tantôt souples comme un tapis de feuilles tombées, indifférents au drame factice ou réel qui se jouait au sommet de leur crête…

Dans la ville, les ressources non plus ne manquaient point. Rien qu’à la citadelle d’Ortygie, on avait assez d’armes en réserve pour mettre sur pied en un instant une force supplémentaire de trente : mille hommes ; l’Achradine contenait des vivres en quantité abondante ; aux Épipoles on avait réuni l’élite de la défense : « les hoplites aux lourds boucliers, immuables sur leurs pieds comme sur un socle d’airain, les lèvres serrées, le front grave, accomplissant les gestes de la bataille avec la même