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la plaine de l’Anapos ; des chevaux jeunes et spécialement dressés pour la cavalerie légère attendaient tout sellés l’instant où les soldats des légions sauteraient sur leurs croupes pour forcer les rangs ennemis ; dans les deux ports, et à l’entrée du Trogilos, cent cinquante voiles se balançaient en face des vaisseaux syracusains ; on les apercevait à distance, variées de grandeur et de forme : trirèmes, quadrirèmes et quinquérèmes, galères « subtiles » qui filaient sur l’eau avec la vitesse d’une mouette aux ailes ouvertes, et galères de fond qui portaient jusqu’à quarante bancs de rameurs étagés de la proue à la poupe comme les gradins d’un amphithéâtre, toute la flotte romaine était là, luisante et appareillée, ses agrès tendus pour la lutte navale. Cependant — et Marcellus le savait — si les Romains étaient les premiers soldats du monde, les marins de Syracuse étaient invulnérables sur leurs navires ; aussi était-ce encore des soldats qui montaient les galères romaines, et pour égaliser les chances du combat, chacune de ces galères possédait, avec l’éperon d’airain destiné à briser les flancs du bateau rival, un corbeau de fer qui l’enserrait dans ses griffes puissantes, l’immobilisait, en faisait une plate-forme solide qui permettait de se prendre corps à corps, comme sur la terre ferme.

Mais cet étalage de forces n’enlevait rien à la beauté de la flotte syracusaine. Hiéron, à la perfec-