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les vierges de syracuse

Elle joignit les mains et ajouta :

— C’est une chose terrible de songer que la mort pourrait me le ravir. Et il est si imprudent ! si brave ! Dès qu’il y a eu des menaces de troubles dans la ville, il est allé prendre possession du poste le plus dangereux, sans même attendre qu’on l’y désignât ; et maintenant je ne le vois plus qu’à peine, à de lointains intervalles, comme si nous étions de furtifs amoureux. Mais il me suffit de savoir qu’il est vivant, qu’il respire. Ce que je ne puis endurer, c’est l’idée de le perdre pour toujours. Oh ! n’est-ce pas ? vous prierez pour lui, vous dont les prières vont droit à l’oreille de la Déesse ; vous prononcerez son nom devant l’autel matin et soir, chaque jour. Promettez-le moi, je vous en conjure !

— Je vous le promets, — dit doucement Praxilla — ; mais ce nom il faut au moins que je le sache.

— Dorcas ! Il s’appelle Dorcas ! N’allez pas l’oublier surtout ! Dorcas ! Tout le monde le connaît dans Syracuse. Quand il descend du Fort Euryale avec sa tunique blanche et ses yeux noirs, tout le monde le reconnaît et le désigne : « C’est Dorcas ! l’ancien officier du palais ! » Dorcas ! mon cher Dorcas ! Vous vous en souviendrez, dites ?…

La lune claire baignait le Portique et, une à