Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/272

Cette page a été validée par deux contributeurs.
242
les vierges de syracuse

jamais éprouvé quelle force héroïque donne l’amour ?

Elle se retira, le front embelli d’espérance, la démarche allégée par la ferveur. Et Praxilla la suivit du regard, comme une jeune sœur de son âme.

Une seule personne attendait encore devant le Portique, les mains nouées sur le visage. On voyait sa chevelure blonde et mousseuse contenue dans une résille à mailles souples. Sa robe, échancrée aux épaules, laissait nue la blanche naissance de sa gorge. Une ceinture, nouée au-dessous des seins, retenait les plis de l’étoffe, qui s’ouvrait à peine aux contours des hanches et indiquait un corps étroit et gracile. La jeune femme ôta les mains de son visage et montra à l’hiérophantide des yeux clairs et brûlants, des yeux passionnés d’amante ; cependant elle dit simplement :

— C’est pour mon cher époux que je suis venue.

Et, sans attendre aucune question, elle s’épancha :

— Je l’aime tant, si vous saviez ! Personne ne peut se douter de la tendresse infinie qui est dans mon cœur. Il faudrait imaginer ce qu’il y a de plus doux dans le miel, ce qu’il y a de plus chaud dans le vin ; et il faudrait aussi connaître celui qui m’a inspiré cette grande passion. Je ne pense pas qu’aucun autre homme sur la terre soit aussi digne d’être aimé que mon cher époux.