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taries ; elle se vit dans ces prunelles d’eau morte et cela lui causa un frisson, comme si toute la tristesse de cette vie finissante se fût tout à coup transbordée en elle. Pourtant elle prit les fleurs et sourit.

— La Déesse vous entendra, dit-elle. Les meilleures prières sont celles qui n’ont pas pour mobile un sentiment égoïste, mais le bien de tous.

Devant Praxilla compatissante, la procession continua. Et c’était tour à tour, comme l’avait dit la vieille femme, des épouses, des mères, des amantes, qui venaient recommander ce qu’elles avaient de plus cher. Quelques-unes, sans parler, baisaient la main de l’hiérophantide. D’autres, dans un déluge de larmes, disaient leur douleur, faisaient des promesses. Une jeune fille, de beauté harmonieuse et parfaite, qui devait appartenir par sa naissance aux premières familles de la ville, vint à voix basse supplier Praxilla d’entendre son vœu : elle s’engageait à se consacrer elle-même au service de Perséphonéia si son fiancé était épargné par le fer des Romains. Elle disait cela à voix basse, sans trouble apparent, et Praxilla crut avoir mal entendu.

— Si votre fiancé est épargné, dites-vous ? Mais alors, la guerre finie, vous renonceriez donc à l’épouser ?

La jeune fille rougit faiblement :

— J’aime encore mieux me sacrifier pour lui et qu’il vive ! Ô très pure hiérophantide, n’avez-vous