Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
les vierges de syracuse

prête à subir le sort de la candide Aréthuse plutôt que de laisser le regard d’un homme profaner son front.

Cependant Praxilla s’était relevée ; elle prit des mains de Rhénaïa un flambeau de résine, et à pas silencieux se dirigea vers la grotte où aboutissait un passage souterrain. Son visage tout à coup s’était transformé. Quelque chose d’exalté et d’ardent comme une lueur venue de l’Hadès rendait ses yeux aussi brillants que le flambeau dont l’éclat maintenant épanoui illuminait la fleur rouge de sa bouche, et formait avec ses prunelles enflammées un triangle mystérieux de lumières. Avant de disparaître sous la grotte, elle se retourna vers ses compagnes et leur dit :

— Réjouissez-vous. Je vais vers Celle qui reviendra bientôt.

Alors Démo, qui était brune comme la nuit, et dont les paupières jusqu’à ce moment étaient demeurées baissées, poussa un cri strident, et lançant ses bras au-dessus de sa tête, elle appela trois fois, tandis qu’entre ses dents éblouissantes luisait le dard acéré de sa langue ;

— Persephoneia ! Persephoneia ! Persephoneia ! …

Et les autres Vierges, Zénophile aux belles mains parfumées, Anticlée plus gracieuse que les Charites, Rhénaïa aux sourcils aigus, Naïs et