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les vierges de syracuse

regards, de tous les rayons, loin de la vie… Dorcas, mieux qu’elle encore l’hiérophantide, était voué au sacrifice…

Un soupir s’échappa des lèvres de Praxilla. Puis elle se dirigea vers le cloître ; et devant elle, entre les colonnes, elle aperçut l’Éponyme qui la cherchait.

Le grand-prêtre lui fît signe de ne pas venir au-devant de lui, de l’attendre là, près du bassin sacré d’Aréthuse où nageaient les poissons d’argent. C’était à cette place d’ailleurs qu’il avait coutume de lui parler. Sans hâter le pas, il continuait à avancer entre les colonnes, gravement, le front baissé. Et Praxilla, droite et immobile, sachant qu’il apportait avec lui la grande nouvelle, ne put s’empêcher de laisser échapper l’aveu de ce qui torturait son âme :

— La guerre ? La guerre ? c’est la guerre avec Rome, n’est-ce pas ?

— Oui, dit enfin l’Éponyme. La conférence qui vient d’avoir lieu n’a fait qu’envenimer le conflit. Trop de brandons de discorde ont été lancés de part et d’autre pour que l’on pût songer à étouffer l’incendie. Mieux vaut en venir aux armes tout de suite. C’est ainsi du moins qu’en ont jugé les députés des deux camps.

— Hélas ! dit Praxilla. Et l’on va se battre bientôt, dès demain peut-être ?