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les vierges de syracuse

entre vos mains. Veillez et priez nuit et jour avec vos compagnes. Que Persephonéia, dont le nom seul est redoutable, se laisse attendrir par vos supplications ; qu’elle préserve par votre entremise, la noble cité de Syracuse des ravages de la peste, du fléau de la famine, des surprises de la guerre. Vous êtes responsable devant le peuple de tous les maux qui peuvent fondre sur la patrie. » Et, depuis ce jour, elle n’avait jamais manqué d’invoquer avec ferveur la Déesse ; et ses compagnes, Zénophile au visage luisant, Anticlée et Rhénaïa, et Nais et Meltine, les deux sœurs jumelles, et Démo la brune, et la jeune Glaucé aux cheveux d’or avaient fait comme elle.

Mais en ce moment elle ne pouvait plus prier. Là-bas, au sommet des Épipoles, entouré de ponts-levis et de fossés, le Fort Euryale se dressait, isolé et héroïque, comme une sentinelle en vigie qui seule eût attendu le choc formidable d’une armée. Dorcas était là, au poste le plus dangereux, désigné aux premières attaques. Derrière, le mont Thymbris étageait ses pentes voluptueuses, le ciel s’apâlissait doucement, formant un second paysage de montagnes et de vallées d’où descendaient en se suivant de larges ombres d’un bleu de cendre. Que tout cela était apaisant et doux ! Mais Dorcas n’en jouissait point. Dorcas était enfermé dans son nid d’aigle entre ciel et terre, loin de tous les