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les vierges de syracuse

Romains s’étaient emparés brusquement de la ville qu’ils convoitaient depuis longtemps, et Himocrate en avait profité pour semer contre eux de fausses nouvelles, annonçant qu’ils avaient fait massacrer là-bas toutes les troupes syracusaines, tandis qu’il faisait lui-même massacrer les Romains sur les bords du fleuve Hyla. De part et d’autre on était exaspéré. Il fallait des excuses ou du sang.

Serait-ce la paix, serait-ce la guerre ? Praxilla se le demandait avec angoisse. Tout ce qui avait flotté à ce sujet dans son esprit depuis les premiers prodromes de l’agitation, tout ce qui avait été pressentiments, menaces vagues, intuitions confuses, s’évoquait maintenant à ses yeux avec la netteté d’une fresque éclairée par le soleil au fronton d’un édifice. La paix ? la guerre ? Et avec elles, avec l’une ou l’autre de ces choses, tout changé soudain dans la ville, tout changé dans le cœur des hommes, dans la destinée des femmes, dans l’avenir des enfants. La guerre ? Elle ne l’avait jamais vue autrement qu’en songe. Depuis qu’elle était entrée à quinze ans sous le saint Portique pour prendre le voile des Vierges, jamais le bruit même lointain d’une bataille n’était arrivé à ses oreilles. Pourtant le jour où l’Éponyme l’avait touchée au front en la ceignant du bandeau, il lui avait dit ces paroles : « Praxilla, fille de Thyménitès, le sort de la ville est