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les vierges de syracuse

étaient posées : « Êtes-vous citoyen de Syracuse ? Avez-vous le droit de prendre part aux délibérations de l’Assemblée ? — Non ? Alors retournez chez vous. Nous n’avons que faire de vos personnes ! » Et s’ils protestaient ou s’ils tardaient, on les expulsait de vive force, la lance au dos. Et bientôt l’exode commença. Par les routes larges on voyait défiler des chars noyés de poussière ; et des piétons encombrés de fardeaux s’en aller le long des champs, lentement, entre les haies fleuries de marjolaines.

Quand le soleil se coucha sur les eaux du Trogilos, la ville se trouvait purgée de tout élément qui fomentait en elle la discorde. Et Théophraste disait à Dorcas, près de qui il s’était rendu au Fort Euryale : « Voilà le premier acte sensé que le peuple ait accompli depuis la mort du grand roi Hiéron ; mais il était temps : l’or de Syracuse passait peu à peu aux mains des étrangers, son esprit subissait les influences les plus contraires ; et ses jeunes gens même se laissaient séduire par des femmes venues de loin qui ne cherchaient qu’à dissiper leur courage.

— Oui, répondit Dorcas, le mal est déjà peut-être plus profond qu’on ne le pense ; mais l’essentiel est que le ver ait été extirpé du fruit.