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les vierges de syracuse

des Gaulois aux gages de Carthage ou des Celtibériens à la solde de Rome vous dictent leurs volontés, et soufflent à travers vous leurs discordes ? Ah ! plutôt que de vous exterminer entre vous pour savoir si vous devez faire le jeu de l’un ou de l’autre des partis ennemis, songez à redevenir vous-mêmes, et commencez par chasser hors de vos murs toute cette tourbe qui vous divise. Je vous le dis avec certitude : jamais le calme ne renaîtra dans Syracuse, tant que vous supporterez ces éléments étrangers dans la ville et dans l’armée. Pourquoi hésiteriez-vous ? Serait-ce la perspective d’une guerre qui vous fait peur ? Je ne puis le croire : n’est-il pas de tradition chez tous les peuples doriens de regarder la paix comme un luxe acquis au prix de beaucoup de sacrifices, et la guerre comme une nécessité fatale ? En tout cas, je vous le répète : n’importe quel danger dont vous pourriez être menacés du dehors serait préférable aux convulsions de la guerre civile, à cette lutte fratricide qui vient de faire couler votre sang et qui ne tarderait pas à vous décimer. »

Archimède se tut ; mais il resta debout sur l’estrade, contemplant la multitude. Un souffle d’air pur qui eût traversé l’atmosphère et dissipé les miasmes malsains, n’eût pas agi plus efficacement que les paroles frémissantes du grand vieillard rappelant les Syracusains à leur antique et salutaire amour