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les vierges de syracuse

« Est-il possible que vous en soyez venus là ? Que des Syracusains se battent pour autre chose que pour la défense de leurs droits ? En me rendant au milieu de vous, je croyais n’entendre qu’un seul mot tomber de vos lèvres : Syracuse ! Et j’entends au contraire l’Agora résonner des deux noms les plus redoutables à la cause syracusaine : les noms de Rome et de Carthage ! Pensez-vous vraiment qu’il soit nécessaire de vous livrer à la protection humiliante de l’étranger et de mettre entre ses mains, sous sa sauvegarde, les intérêts les plus sacrés de la patrie ? On se réclame d’Hiéron, pour vouloir vous imposer l’alliance de Rome. Or qu’a fait Hiéron, je vous le demande, si ce n’est de travailler avec prudence, mais d’un infatigable effort, à dégager la ville de tout tribut ? Et le plus beau jour de son règne n’a-t-il pas été celui où, rendant grâces aux dieux, il put annoncer à son peuple que la dernière redevance était levée enfin ? Ce jour-là, dans son profond amour pour la justice, dans le sentiment qu’il avait d’avoir accompli sa tâche, il fut sur le point de déposer sa couronne sur l’autel de Zeus et de rendre à son peuple la liberté. Que dirait-il, maintenant que cette liberté vous est acquise, de vous en voir faire un si pitoyable usage ? Oui, que dirait-il, le noble et tutélaire Hiéron, de voir la ville livrée à des bandes de mercenaires qui l’infestent, et de vous trouver changés à ce point que