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peuple ; sa voix vibrait : « Jamais, disait-il, un État ne s’est trouvé aussi près de son salut ou de sa ruine. En effet, si tous d’un consentement unanime vous embrassiez le parti des Romains ou celui des Carthaginois, la paix comme par enchantement reparaîtrait dans vos murs. Mais le désaccord est entre vous, si bien que la guerre que se font avec tant de violence les Carthaginois et les Romains ne le cédera en rien en acharnement à la guerre intestine qui vous menace, puisque dans l’enceinte même de la ville chaque parti a ses troupes, ses armes, ses généraux. Laquelle, me direz-vous, des deux alliances serait la plus utile ? Cette question, si importante qu’elle puisse être, n’est pourtant que d’un intérêt secondaire : n’avoir qu’un seul sentiment, tel devrait être le but de tous les efforts. Toutefois l’autorité d’Hiéron doit avoir dans vos souvenirs plus de poids que celle d’Hiéronyme pour le choix des alliés ; et l’amitié de Rome, dont on a fait pendant cinquante ans une si heureuse épreuve, ne devrait-elle pas être préférée à celle d’une nation aujourd’hui incertaine, autrefois perfide ? Enfin, une autre considération décisive, c’est que vous pouvez vous refuser à tout accord avec les Carthaginois sans entrer en guerre avec eux, tandis qu’avec les Romains il vous faut immédiatement avoir ou la paix ou la guerre. Choisissez ! »

Il y eut un grand tumulte. Les paroles d’Apol-