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qu’il s’était mis aux gages d’Himocrate. N’était-ce pas là d’ailleurs la meilleure manière de poursuivre sa vengeance contre Dorcas qui avait toujours été opposé à la politique africaine d’Hiéronyme ? Puis le Carthaginois était généreux ; il n’y regardait pas à récompenser largement les services rendus. Si lui et Épicyde avaient été nommés préteurs, c’était en grande partie aux habiles manœuvres de l’orfèvre qu’ils le devaient. Maintenant il s’agissait de gagner une bataille plus grosse encore et d’assurer définitivement dans Syracuse la suprématie de Carthage.

Peu à peu l’on arrivait sur le Timoléontium. À partir de seize ans, tout citoyen avait le droit de prendre part aux débats. Et l’on voyait les vieillards et les jeunes hommes se coudoyer dans un même empressement inquiet. C’était là qu’ayant recours au Pétalisme, les Syracusains quelques années auparavant avaient banni Himocrate. Que les choses étaient changées depuis ! Il semblait qu’en perdant le bon roi Hiéron le peuple eût perdu le sentiment de sa liberté, et que, livré à ses propres forces, il ne sût plus la défendre.

Cependant du haut de l’estrade les harangues succédaient aux harangues. Le magistrat Apollonide venait de prendre la parole à son tour et on l’écoutait, car il passait pour incapable de se laisser suborner. Il parlait, un peu penché sur le