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les vierges de syracuse

pour remettre un lien de sa chaussure, Hiéronyme pendant une seconde était resté seul. Alors quelqu’un, sortant d’une maison voisine, s’était jeté sur lui : un coup de poignard, et le nouveau tyran de Syracuse avait rendu l’âme.

— Il n’y a pas une minute à perdre, dit Andranodore. La ville se soulèvera et réclamera son indépendance aussitôt qu’elle apprendra la mort d’Hiéronyme ; il faut s’assurer avant tout du grenier aux vivres : un peuple affamé est vite soumis.

Callon, épuisé, ne disait plus rien. Il s’était couché sur un tapis, ses bras nus noués au-dessus de sa tête ; et l’on voyait, sous sa chlamyde rouge, son cœur tressauter dans sa poitrine. Était-ce la rapidité de la course, le chagrin d’avoir perdu le camarade royal de ses jeux et de ses plaisirs ? Andranodore ne s’en inquiéta point. Il remit au lendemain les larmes vaines et courut prévenir les hoplites. Mais au milieu de la nuit la ville fut réveillée en sursaut. Des appels aux citoyens, des cris d’alarme remplirent tout à coup le silence. Himocrate et Épicyde arrivaient à leur tour, bride abattue, secouant au-dessus de leurs têtes les vêtements d’Hiéronyme, sanglants drapeaux qu’ils agitaient dans les demi-ténèbres de cette nuit fatidique. Et aux fenêtres des maisons, sur les terrasses des toits, dans la rue, les habitants se montraient, effarés, inquiets, ne sachant encore s’ils devaient