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les vierges de syracuse

— C’est égal, disait Gullis (elle s’était rendue jusque-là pour voir défiler le cortège), moi, à la place du jeune tyran, je ne partirais pas tranquille. A-t-on jamais vu un prince s’en aller en guerre sans avoir fait un don à la Fortune ?

— Par Hermès ! — répondit un marchand d’olives, — Hiéronyme est d’avis que les dieux n’ont pas besoin qu’on leur fasse de présents. L’argent est bien mieux placé entre ses mains. Puis ce n’est pas une vraie guerre, un simulacre seulement. Une fois ses troupes passées en revue pour la forme, le tyran reviendra. Et gare alors à ceux qui ne se trouveront pas là pour l’applaudir !

La figure jaune d’Orthon apparut parmi les groupes.

— Et qui donc n’applaudirait pas un jeune prince aussi courageux ? Ne voilà-t-il pas la meilleure réponse aux calomnies qu’on se plaît à répandre contre lui ? Il pouvait rester tranquillement dans son palais à jouir de toutes les délices, et, au lieu de cela, il part, il va au secours d’une de ses possessions menacées.

— À votre aise ! reprit le marchand. Pourvu au moins qu’en défendant Léontium contre les Romains il ne la livre pas à Carthage !…

Cependant, il semblait que le départ du tyran eût soulagé toutes les poitrines. La gaieté du peuple, contenue depuis la mort d’Hiéron, resurgissait