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les vierges de syracuse

nyme avait posé, vêtu d’une légère chlamyde qui dissimulait la plastique défectueuse de son corps ; mais Callon était nu — nudité admirable à laquelle pouvaient se comparer seulement les plus purs chefs-d’œuvre inspirés à Praxitèle par la beauté triomphante des éphèbes ! Un curieux tableau à la cire occupait toute la paroi médiale, évoquant l’histoire de Pasiphaë. Un vase de porphyre, monté sur des griffes d’or, contenait dans ses flancs, en transparence, les formidables amours du Cyclope et des nymphes Etnéides ; — et, comme si c’eût été l’odeur même de tant de luxures évoquées, des jacinthes invisibles, macérant dans du suc de jusquiame au fond du vase, épandaient une haleine tiède et lourde dont les cerveaux étaient envahis.

— Le roi tarde bien à venir, murmura craintivement Épycide.

— Qu’importe ? fit Himocrate en levant les épaules.

Mais un rideau se souleva et Hiéronyme parut. Il était seul et, malgré l’intimité de l’heure, avait déjà coiffé le diadème. Il avança lentement, et sourit aux deux hommes d’un sourire froid et compassé.

— Enfin ! leur dit-il, vous venez m’aider à me débarrasser de mes ennemis.

Et tout de suite il s’expliqua sur ses désirs ; la fantaisie de jouer au conquérant le prenait. Dès le