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les vierges de syracuse

simulation et de gêne. Derrière Himocrate, il avait plutôt l’aspect d’un courtisan que d’un allié ; il marchait dans la trace de ses pas et copiait son attitude sur la sienne.

Quand ils eurent été introduits dans la salle qui précédait immédiatement la chambre où couchait le jeune prince, Himocrate, d’un coup d’œil, prit connaissance du lieu. Il vit combien tout était plus somptueux et plus riche qu’au palais d’Ortygie, anciennement habité par Hiéron. Et il ne s’en étonna point. Il savait d’avance, en regagnant Syracuse, à quel degré exact de corruption son ancien élève devait être arrivé. L’orgueil, la cruauté, la luxure n’avaient pu manquer d’accomplir leur œuvre. Ici tout parlait de mollesse et de volupté. Les sièges étaient façonnés de telle sorte qu’il était impossible de s’y tenir autrement que couché ; les peintures, les sculptures ne représentaient que des scènes ou des images lascives. Au fond, un groupe d’une exécution admirable montrait l’enlacement pernicieux d’un Silène et d’un jeune faune ; le vieillard et l’enfant, agrippés à la crête d’un rocher, redressaient leurs torses d’un même mouvement convulsé ; et tant de vie était en eux qu’on devinait courir la moelle au long des échines de marbre. Il y avait aussi la statue d’Hiéronyme en Bacchus et celle de Callon en Ganymède ; l’un et l’autre se faisaient face aux deux angles de la salle. Hiéro-