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cas jusqu’aux entrailles, résonna de nouveau sous les voûtes de la ville funèbre :

— Ô Déesse, voici que je t’amène Dorcas. Dorcas est à genoux près de moi devant ta majesté suprême. Prends-nous tous les deux, accepte le sacrifice de nos deux vies, fais que nous mourions ensemble pour le salut de notre patrie commune.

Elle s’arrêta, et reprit d’une voix plus vibrante encore :

— Ô Déesse, toi qui parcours le cycle tour à tour lumineux et sombre du Cosmos, tu lis au fond de nos cœurs, car on ne peut rien te cacher, à toi l’auguste souveraine de nos destins ! Toi seule as pénétré notre inquiétude : tu sais que j’aime Dorcas et que Dorcas m’aime. Tu sais que j’aime Dorcas d’un profond et insurmontable amour. Tu as vu mes larmes, mes ardeurs, mes ravissements. J’aime Dorcas plus que l’ivresse de la lumière, plus que la beauté immarcescible des flots. Je l’aime au point de ne pouvoir lui taire mon secret, et, tu le vois, Déesse, c’est à tes pieds que je viens lui en faire l’aveu. Je serais morte cent fois plutôt que de lui dire mon amour face à face, si tu n’étais entre nous pour nous protéger. Mais tu es notre égide et notre sauvegarde ; tu ne permettras pas que jamais rien d’impur, rien de sacrilège, se glisse entre nous. Tu exalteras au contraire nos volontés jusqu’à la hauteur du sacri-