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les vierges de syracuse

Certes, Dorcas ne le croyait point. Mais combien il la trouvait différente de ce qu’il en attendait ! Combien il la sentait émue, chancelante sous ses voiles ! Qu’allait-elle lui dire à présent ? Le grand silence de l’hypogée pesait sur eux ; la lumière blanche les enveloppait. En face du tombeau où ils étaient assis, un des autels de Perséphone étalait sa pierre grise et nue ; et c’était l’autel même où naguère Praxilla avait effeuillé le sang de sa couronne de pavots…

Elle releva la tête enfin, et sa bouche laissa tomber un seul mot, lentement :

— Dorcas !

Ainsi, c’était lui qu’elle appelait, lui à qui elle songeait. Il tressaillit.

— Dorcas, pardonnez-moi, excusez-moi de vous parler de vous-même. Mais je voudrais vous faire une prière. Je sais que vous êtes brave, que votre témérité peut aller jusqu’à l’imprudence. Et dans ce palais où se commettent tous les jours tant de crimes, vous n’êtes pas en sûreté, Dorcas.

Il la regarda cette fois avec une angoisse étonnée :

— Praxilla, dit-il, ma vie ne doit pas compter en un tel moment.

Alors elle se reprit et, plus doucement :

— C’est pour le bien de la ville, pour notre Syracuse tant aimée que je vous dis cela. Si vous