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avait imposés à ce jeune insensé, que font-ils donc ? Où sont-ils ?

— Plusieurs se sont exilés volontairement ou ont eu recours au suicide plutôt que de subir tant de caprices odieux. Les autres n’osent parler. En réalité, c’est l’épais Andranodore qui règne et gouverne, tout en laissant Hiéronyme remplir les offices extérieurs qui flattent sa vanité.

— Zeus puissant, à quoi penses-tu ? soupira l’hiérophantide.

Dorcas ne disait plus rien. Il regrettait presque de s’être laissé aller à retracer devant les yeux de Praxilla le tableau de ce qu’il voyait tous les jours. Encore avait-il atténué à dessein certaines couleurs trop vives touchant aux débordements du jeune Hiéronyme, et des deux princesses. Maintenant il se taisait. L’hiérophantide, la tête entre ses mains, semblait plongée dans une méditation profonde. Sans doute songeait-elle aux moyens de défendre la ville, de la préserver contre la double menace qui planait sur elle aujourd’hui. Que de fois ensemble, au temps de la paix, ils avaient causé de ces choses, soulevé d’une main hardie le masque de l’avenir ! Et toujours une même pensée, un même enthousiasme leur avait suggéré les mêmes résolutions : se sacrifier entièrement, corps et âme, pour le bien de la patrie.

Aurait-elle changé depuis lors, l’hiérophantide ?