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les vierges de syracuse

Andranodore avait décidé de tenir autant que possible la conspiration secrète. Il savait le peu de sympathie du peuple pour le jeune roi et craignait que la moindre étincelle fit prendre feu à cette hostilité étouffée. D’ailleurs, il lui était facile de punir les coupables sans sortir même du palais. Hiéronyme, en s’y installant, n’avait pas manqué de faire remettre en état la chambre des supplices organisée jadis par Denys. Rien n’y manquait des instruments compliqués et cruels par lesquels on arrachait aux accusés l’aveu de leurs crimes. C’était là qu’on avait fait venir Théodote, dès la première heure du matin. En face de lui siégeaient Hiéronyme soucieux et las, l’épais Andranodore et les deux princesses, dont les chevelures abondantes s’écroulaient en des résilles parsemées de perles.

Andranodore interrogea le prisonnier.

— Vous avez, dit-il, proposé à Callon la nuit dernière de plonger un poignard dans le sein du jeune roi. Il est impossible que vous ayez médité ce crime à vous seul. Vous avez dû vous entendre avec d’autres personnes plus importantes que vous.

— En effet, dit Théodote, j’ai eu des complices.

C’était un homme du peuple, petit et brun, à l’apparence énergique. Deux prunelles couleur de feu, profondément enfoncées sous l’arcade des sourcils, jetaient, pareilles à des torches, des lueurs intermittentes sur son visage.