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les vierges de syracuse

des hoquets, des plaintes, des larmes, beaucoup de larmes…, des larmes qui sont le sang incolore de l’âme, et qui coulent de blessures plus profondes et plus douloureuses que celles du corps. Beaucoup de larmes mêlées au sang pourpre des chairs ouvertes, beaucoup de sanglots mêlés aux convulsifs hoquets des bouches… Le roi adolescent souriait, tant cette vision enfermait pour lui de volupté précieuse et délectable. Mais Callon apparut dans sa robe blanche, le front couronné de roses. Et Hiéronyme renvoya les esclaves.

Quand ils furent seuls, et qu’en silence d’abord ils eurent vidé lentement l’un après l’autre la coupe où Callon avait effeuillé les roses de sa chevelure, l’éphèbe Athénien posa ses yeux sur ceux d’Hiéronyme :

— Savez-vous, lui dit-il, pourquoi je vous ai laissé souper sans moi aujourd’hui ?

— Je me le demandais, dit Hiéronyme. Quelque caprice sans doute ?

Callon brusquement répliqua :

— Vous savez bien que non. Depuis cinq ans que nous vivons côte à côte, vous ai-je jamais été infidèle un seul jour ? Il s’agit d’une chose plus grave. Écoutez.

Il se rapprocha d’Hiéronyme. Sa tête harmonieuse, de beauté attique, discordait avec les traits tourmentés et lascifs du jeune roi.