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les vierges de syracuse

du palais, entre les colonnes chryséléphantines où se mélangeait onctueusement l’or à l’ivoire. Ils étaient de taille pareille, mais Callon portait les cheveux longs et bouclés sur une tunique flottante, retenue seulement à la ceinture par un étroit ruban de pourpre. Quant à Hiéronyme, son front ne quittait plus le diadème ; des bagues lourdes surchargeaient ses doigts ; du carmin rehaussait ses lèvres ; autour de ses yeux cruels un cercle de kohl s’étendait, comme un halo autour de la lueur scintillante d’un astre. L’après-midi, ils sortaient en char. Tous deux se tenaient immobiles au fond du quadrige, qu’entraînaient quatre chevaux blancs aux crinières ouvertes. On eût dit l’emblème même de Syracuse que les orfèvres se plaisaient à graver au revers des médailles, et où la Victoire était assise à côté d’un jeune héros : mais cette fois ce héros était un prince débauché et la Victoire avait cédé sa place à un éphèbe Athénien au front impur.

Ce qui se passait ensuite dans le palais, le peuple l’ignorait. Il était facile de supposer néanmoins que la nuit continuait pour Hiéronyme les délices efféminées du jour. À quelque heure du soir que les Syracusains regagnassent leurs demeures, ils voyaient briller dans les ténèbres le palais somptueux de Tyché, ce palais si merveilleux, disait-on, que le tyran, pour n’en pas ternir les mosaïques, crachait, quand le besoin lui en prenait, à la face de