Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
les vierges de syracuse

l’angoisse on sentait que, pour la première fois peut-être depuis cinq siècles qu’elle était fondée, Syracuse sentait faiblir sa foi énergique dans ses destinées.

Comme au temps de Timoléon, les roues d’un char firent retentir d’un bruit strident le pavage de marbre ; et l’on vit descendre Andranodore, seul, son corps épais serré dans une tunique de soie claire. Malgré sa hardiesse, il était visible qu’une gêne intérieure altérait l’aisance de ses mouvements. Il monta les degrés, et s’apprêta à parler à la foule : « Le roi Hiéron, notre père bien-aimé, est mort, dit-il ; mais il a voulu par son esprit et sa sagesse demeurer encore au milieu de nous. Je vais vous donner connaissance de ses dernières volontés ».

Et, dépliant le rouleau de parchemin qui tremblait entre ses doigts, Andranodore commença la lecture du testament d’Hiéron. Le roi adjurait son peuple de se maintenir dans la paix, dans l’union, dans le travail ; de respecter l’amitié de Rome, de ne rien entreprendre sans avoir consulté et prié les dieux. « Enfin, disait-il, je vous demande d’accepter pour souverain mon petit-fils Hiéronyme, auquel j’adjoins quinze tuteurs pour le diriger dans les principes que nous nous sommes toujours efforcés de lui inculquer. Cet enfant n’a pas encore quinze ans ; sans doute il comprendra en grandissant la gravité de la charge qui lui incombe et il