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les vierges de syracuse

un instant, après la cérémonie funèbre, le peuple allait se répandre par toute la ville, courir dans toutes les directions pour assister aux jeux gymniques : courses de chevaux, courses de chars, récitations de poésies, concours de musique, il y en aurait pour tous les goûts. Le roi avait sorti de sa cassette dix-huit cents mines à distribuer aux vainqueurs des jeux. Mais Orthon ne s’en inquiétait point ; il travaillait toujours, un sourire étroit sur les lèvres ; et toujours il pensait : « Quand le vieux roi verra de quel art parfait a été buriné ce statère, il mourra de dépit de ne plus m’avoir pour orfèvre. »

La rue était déserte ; la foule était encore amoncelée là-bas, entre les deux lignes droites des cyprès. Cependant un pas alerte se fit entendre et Orthon leva les yeux. Il aperçut Dorcas qui débouchait par le côté du théâtre, un manteau sombre jeté sur sa tunique blanche chamarrée d’or. Évidemment l’officier cherchait à ne pas être vu. Mais Orthon l’interpella, feignant de ne lui garder aucune rancune :

— Eh bien ! seigneur Dorcas, les funérailles sont déjà finies ?

— Oui, fit Dorcas ; Gélon dort maintenant son dernier sommeil.

Il voulut passer, mais l’orfèvre le retint :

— Êtes-vous si pressé que cela ? Jetez au moins un coup d’œil sur mon travail !