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les vierges de syracuse

clamer. Les trompettes sonnaient une marche guerrière ; le pas des chevaux, tenus étroitement en main, retentissait, nombreux et cadencé ; on eût dit le départ d’une armée pour une expédition glorieuse. Les trophées de fleurs avaient passé. Gullis se retourna subitement :

— Les voilà, les voilà ! Celui qui marche le premier en avant de tous les autres, c’est Dorcas qui porte une tunique blanche chamarrée d’or ; il est beau, vraiment.

— Il faut bien qu’il soit beau, grommela Orthon.

Et il ajouta quelque chose entre ses dents. Mais Gullis ne l’écoutait pas ; elle était toute au spectacle qui se déroulait devant ses yeux, spectacle grandiose et magnifique dont le recueillement l’impressionnait malgré elle. Hiéron, qui ne voulait pas que des larmes à gages fussent mêlées aux larmes sincères versées sur son fils, avait donné ordre qu’on supprimât les pleureuses. C’était le peuple entier qui formait le chœur des lamentations. Et, de même qu’on l’avait fait pour Timoléon, le lit funèbre était porté par des jeunes gens de la ville, dont on avait tiré les noms au sort ; mais il se trouvait qu’ils étaient tous d’un galbe aussi admirablement pur que si on les eût choisis avec soin pour leur beauté. Ils avançaient, soutenant sur l’épaule le précieux fardeau ; un de leurs bras était nu, leur tête était couronnée de roses, et l’arc