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les vierges de syracuse

— Non !

— Un paon de Samos cuit dans le vin doux, à petit feu ?

— Non, non et non ! En voilà assez, Gullis ! Ne me tente pas. Si je te disais mon secret ce matin, ce soir tout le monde le saurait dans la ville. Et ma vengeance m’échapperait.

Il serra les lèvres et battit des paupières dans une grimace que Gullis connaissait bien et qui signifiait sa volonté irrévocable de ne pas céder. Gullis s’en retourna vers la porte, ayant épuisé tous ses arguments. D’ailleurs le bruit du cortège commençait à se faire entendre, et l’on apercevait déjà une longue file d’hommes et de femmes vêtus de robes blanches, qui portaient des trophées de fleurs.

— En voilà du monde ! dit Gullis. Viens donc voir, Orthon.

— Pourquoi faire ? dit l’orfèvre sans quitter son travail. Il sera temps que je me dérange tout à l’heure quand le lit funèbre passera. Des gens vêtus de blanc, on en voit à toutes les funérailles.

— Pas comme ceux-là ! D’abord il y en a beaucoup plus, et les fleurs qu’ils portent sont beaucoup plus belles ; ils disparaissent sous la quantité. D’ici on croirait un jardin en marche.

— C’est bon, c’est bon ! fit Orthon. Quand je mourrai, on n’en mettra pas autant.

Cependant Gullis, sur le seuil, continuait à s’ex-