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les vierges de syracuse

— Vous aviez deviné juste, mon cousin, dit-il ; il y a eu alliage en effet. Je vous dirai bientôt dans quelle mesure l’argent a été mêlé à l’or ; c’est une simple proportion à établir, un calcul que ferait un enfant. Qu’il vous suffise pour l’heure de savoir que vous avez été trompé.

Il se retira ; et aussitôt Hiéron, faisant signe à Dorcas, lui dit :

— Je n’attendrai pas un jour de plus pour congédier ce serviteur infidèle. Allez le chercher, Dorcas, ramenez-le ; mais ne lui dites pas de quoi il s’agit ; je veux avoir la satisfaction de le confondre moi-même.

Un quart d’heure s’écoula. Le vieux roi s’était assis dans son fauteuil et songeait. Il songeait à toutes les autres malversations qu’Orthon avait dû commettre, à toutes les œuvres d’art charmantes qui étaient sorties de ses mains, médailles, figurines d’or, coupes ciselées et incrustées de pierres fines ; et un grand courroux le prenait de penser que tant de talent était mêlé à tant de duplicité. « À cause de cela, se disait-il, je lui ferai grâce du châtiment, j’éviterai ainsi le scandale ; mais il mérite une leçon, et je me punirai moi-même en lui enlevant à tout jamais le privilège de travailler pour le palais. »

Il poussa un long soupir. Malgré l’expérience qu’il en avait, la mauvaise foi des hommes le con-