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les vierges de syracuse

bourgeois peignaient leurs enfants avec des peignes d’or. Ici chacun tenait son rang ; — et ce signe infaillible de la décadence d’un peuple, l’interversion des classes sociales et des fortunes, n’apparaissait point.

En voyant passer le grand Archimède traîné par la cohorte des jeunes gens, les femmes causant d’une porte à l’autre, avaient souri.

— On le conduit aux Bains, bien sûr ! Voilà plus de trois lunes qu’on ne l’a vu s’y rendre. C’est aussi rare qu’une Épiphanie.

— En revanche, une fois qu’il y est, il y en a pour longtemps. Il paraît que lorsqu’on l’a frotté d’huile, il reste des heures à tracer des inscriptions sur ses bras et sur sa poitrine, comme les enfants sur les murs des portiques ; et souvent il oublie de remettre ses vêtements ; on est obligé de le rhabiller tout entier depuis la mitre jusqu’aux sandales.

— Grande misère ! Ne vaut-il pas mieux en avoir appris moins long et savoir se conduire ? L’illustre Archimède est comme l’astronome d’Ésope le bossu : il lit couramment dans les étoiles et ne voit pas clair autour de soi.

Cependant les promeneurs continuaient à se presser dans cette rue centrale de l’Achradine. Les élégants de Tyché, les grands seigneurs d’Ortygie et les fonctionnaires des Épipoles s’y croisaient