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les vierges de syracuse

après que le brûlant Notos a soufflé sur eux. Venez avec nous ; nous vous conduirons jusqu’au seuil.

Et, resserrant encore le cercle qu’ils avaient formé autour de lui, les adolescents forcèrent Archimède à avancer. Lui se laissait faire sans prendre la peine de protester, se souvenant d’ailleurs qu’il avait quitté le palais avec l’intention vague d’aller aux Bains, et qu’en route, distrait par l’éternelle préoccupation de son esprit, il avait oublié le but de sa course. Ils sortirent ainsi du Timoléontium et s’engagèrent dans la rue qui menait aux Thermes. Comme la journée était tiède, les femmes se tenaient sous l’arceau de leur porte et devant les boutiques, ravaudant leurs nippes, ou faisant virevolter leurs fuseaux, tout en regardant passer les chars brillants et les élégantes toilettes des promeneuses. On allait voir dans le grand port le lancement d’une trirème nouvellement construite, qui portait les noms de Déméter et de Perséphone, et qui était en tout pareille à celle que les Corinthiens avaient laissée à Syracuse lorsqu’ils étaient venus délivrer la ville du joug des tyrans. Cela amenait un surcroît de mouvement dans cette rue habituellement animée ; la richesse des habitants, la prospérité du commerce s’étalaient manifestement ; mais ce n’était ni l’orgueil d’une aristocratie privilégiée comme à Sparte, ni l’ostentation des parvenus comme à Agrigente où par vanité les