Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.
161
les vierges de syracuse

— Entrez ! Entrez ! ce n’est qu’une drachme la place !

Théophraste avait fait passer devant lui les jeunes femmes, et, sans lâcher la main des deux enfants, il avait monté les degrés de l’estrade. À l’intérieur, le public était encore clairsemé. Ils s’assirent sur un gradin, les enfants debout devant eux. Au milieu de la scène, il y avait une statue de Bacchus, laquelle, creuse à l’intérieur, en contenait plusieurs autres ; et, pour faire prendre patience aux spectateurs en attendant que la représentation commençât, on démontait la statue, qui laissait voir tour à tour l’image d’Épicharme, celle de Gélos, celle de Cypris, des Charites et du Satyre. À chacune de ces transformations nouvelles, le public s’esclaffait davantage ; Rhodoclée semblait y trouver le plus grand plaisir, et Damalis, malgré la tristesse de son récent veuvage, souriait complaisamment. Seule, Fanie restait indifférente ; ses yeux bleus fixés devant elle continuaient à chercher Dorcas ; la pièce même d’Épicharme, quelles qu’en fussent la verve et la gaieté, ne la tirait pas de son marasme ; elle avait hâte maintenant de rentrer à la maison, de savoir s’il était là.

Vers la fin, elle se pencha sur Damalis :

— Je n’en puis plus, il faut que je parte !

— Un peu de patience, dit Damalis. Attendez encore pour voir ce que devient la Glorieuse.